Aller au contenu principal

L’exploit sportif de Jérôme & Patrice

Pendant la course

Jérôme

Mes premières impressions 

Je crois avoir très bien vécu la course. J’emploie le verbe « croire » car ces activités extrêmes vous emmènent vers des états un peu seconds. Je ne l’aurais peut-être pas qualifiée ainsi en parcourant le 75e kilomètre. Néanmoins, mes capacités sportives sont restées, tout au long du parcours, assez exceptionnelles car j’ai pu courir en permanence. Cette transformation de ma capacité sportive s’est récemment révélée grâce à l’utilisation de la boucle fermée hybride en compétitions extrêmes, mon ancienneté de pratique ou la charge d'entraînement ne suffisant pas, seules, à l’expliquer. La glycémie de course est elle aussi restée exceptionnelle, ainsi que la météo, le tout dans un contexte familial très plaisant. 

Nous avons couru ensemble, c’était mon contrat de départ. Je courais avec mon frère mon septième « 100 bornes » et je souhaitais l’accompagner pour son premier. Résidant à 500 km l’un de l’autre, nous n’avons pu nous entraîner ensemble mais nous nous sommes téléphonés régulièrement pour échanger ensemble sur nos dérives glycémiques, nos collations ou encore nos matériels. 

Équipés tous deux de boucles fermées hybrides, nos débriefs portaient essentiellement sur les intensités d’exercice, qui n’ont pas les mêmes conséquences glycémiques, sur les délais de déclarations d’exercice à renseigner dans nos matériels ainsi que les glucides d’entraînement, leurs quantités et les index glycémiques.

Quelques événements imprévus... 

Nous avons rencontré quelques événements imprévus, comme l’oubli des clés du cadenas des vélos accompagnateurs avant le départ. Ces événements peuvent être source de stress et d'hyperglycémies par sollicitation d’adrénaline. Mais tout s’est bien terminé et les vélos ont pu rejoindre leur ligne de départ à l’heure. Hormis cet événement, je peux aussi citer une glycémie un peu faible au trentième kilomètre, cette péripétie n’ayant plus grand-chose d’exceptionnel dans mon cas.

Ravitaillements, sensations et performances 

Les ravitaillements de courses étaient bien remplis et proposaient des produits hydriques ou solides intéressants. Au fil des mois sous boucle fermée, je m’étais aperçu qu’une hydratation par jus de raisin dilué salé me suffisait. Le jour de la compétition, je n’ai eu qu’à prendre des eaux gazeuses et autres plaisirs lipidiques sur les tables de ravitaillements. 

Je ressentais différentes sensations au fil des kilomètres : la fraîcheur et le plaisir du départ d’abord suivis d’heureux moments comme les retrouvailles avec les vélos au 10e kilomètre ; puis des micro-objectifs avec l’atteinte du  vingtième, trentième, quarantième kilomètre… Le cinquantième est un passage intéressant car, une moitié faite, il permet de débuter le décompte ; pourtant la fatigue augmente kilomètre après kilomètre.

Nous avons parlé tout au long de la course, ensemble ou avec d’autres coureurs évoluant à la même vitesse. Patrice et moi n’avons aucun tabou à évoquer nos diabètes et à l’annonce, tous les coureurs sans exception, nous ont félicités de nous engager sur ce type d’épreuve. Nous portions capteurs et cathéters sur les bras donc visibles de tous. Je ne me sens pas différent des autres mais certainement plus fort qu’eux, plus solide et déterminé.

J’ai surtout été surpris par ma stabilité glycémique ! C’est pourtant une norme que je rencontre depuis quelques mois, sous boucle fermée et ayant participé aux 24h de Royan et au marathon de Paris. Cette obsessionnelle euglycémie me surprend toujours et pour longtemps malgré la situation extrême dans laquelle je pousse mon organisme. Les autres surprises concernent le dénivelé de la course, rarement plat, et la beauté des paysages dont jamais je ne me lasserai. Je suis aussi très fier de mon frère qui a très bien géré sa première épreuve de ce type.

Nous avons décidé d’interrompre la course après 9h30, au 75e kilomètre car le plaisir n’était plus là. Nous passions aussi à proximité de l’arrivée et repartir pour le dernier quart de la course n’était pas simple, physiquement comme mentalement. Il nous aura fallu 48h pour achever ce projet en décidant de nous réinscrire l’année prochaine, pour finir cette fois !

Patrice

Mes premières impressions 

Je n’avais pour ma part aucune expérience de ce type d’épreuves, si ce n’est un trail de 80 km dans le Jura, avec un départ nocturne à la frontale. Pour autant, le départ, que ce soit sur ce type de courses, ou sur de plus courtes distances, reste un moment unique en émotion, teinté d’euphorie, de complicité, de montée d’adrénaline (au détriment de la glycémie parfois), de joie, d’incertitude et pour ma part s’y ajoute toujours le sentiment d’être privilégié, car je ne peux m’empêcher de penser à celles et ceux qui souffrent dans leur quotidien, et qui n’ont pas eu la chance de passer entre le gouttes, du diabète insulino-dépendant (DID) ou d’autres pathologies d’ailleurs. Je sais aussi pertinemment à cet instant que de penser à eux va nourrir mon effort tout au long de l’épreuve.

Par conséquent, un gros gros kiff sur la ligne de départ, a fortiori en famille.

Péripéties et performances

Quelle frayeur cependant 30 secondes avant le départ quand nous avons constaté que la clef du cadenas du porte-vélos était restée au camping... Heureusement, Jérôme nous a fait une « Sébastien LOEB », dans le strict respect du code de la route de la PS5 bien sûr, et nous avons pu prendre le départ pile à l’heure.

Les 30 premiers kilomètres, plutôt plats, ont été tout aussi euphoriques : une vitesse moyenne bien maîtrisée, que Jéjé considérait un poil élevée sûrement ; une météo favorable bien qu’un peu fraîche pour les accompagnants cyclistes ; une route impeccable dans un fort joli paysage et une glycémie qui se stabilise. En effet, après une glycémie un peu haute au départ, les premiers km ont permis de retomber à la normoglycémie.

Côté ravitaillements, rien à redire (Cf. le détail de mes apports à la fin de l'article) : présents tous les 5 km, variés, il m’ont en fait permis, en m’arrêtant systématiquement, de recharger en sucré et en salé, à tel point que le stock que j’avais prévu, et que portait mon épouse dans un panier, à l’avant du vélo, n’a que très peu servi, excepté l’eau plate ou gazeuse (St Yorre) et la maltodextrine dans des gourdes. Si c’était à refaire, j’allégerais fortement cette charge de l’accompagnant. Cette logistique est extrêmement rassurante de mon point de vue… Historiquement, j’ai toujours porté sur moi beaucoup trop de collations, angoissant a priori de manquer. Le passage sous pompe à boucle semi-fermée en Control IQ, a par ailleurs fortement réduit la nécessité de resucrage et de fait le stock à emporter.

Notons que j’avais également prudemment emporté avec moi, ou du moins sur le vélo, un G6 et un kit de cathéter au cas où.

Puisque nous parlons DID, sachez que les autres participants n’étaient pas nécessairement au courant de cela. Jérôme avait informé la Croix-Rouge au départ, comme nous le faisons souvent au départ des courses mais c’est tout. Il nous est arrivé d’en échanger tout au long de la course avec d’autres coureurs mais sans plus. On a d’ailleurs croisé d’autres spécimens pendant l’épreuve : un monsieur pas tout jeune porteur d’une prothèse de genou, une « mamie » complètement courbée, et ce dès le départ ; à vous donner pitié, mais finisher… elle !

Comme je le disais, tout s’est déroulé nickel sur 30 km, puis les choses se sont gâtées… Je l’ai dit, ma préparation était sûrement insuffisante ! Les premières côtes sont arrivées et les premiers “stop and go” avec, ou plutôt l’alternance course/marche ; certes, c’était prévu, mais pas aussi tôt. Jéjé, en pleine forme, continuait à courir, même quand ça montait ; plus lentement certes pour s’adapter à mon rythme, d’autant plus que nous avions convenu de faire cette épreuve ensemble. Mais ce deal, bien partagé en amont, s’est très vite vu confronté aux premiers aléas de l’un ou de l’autre pendant l’épreuve. Ne voulant pas être un boulet pour le frangin, je lui ai proposé très tôt de faire sa course, mais que nenni !

À partir du 35-40ème km, nous avons alterné tronçons marchés et tronçons courus, encouragé que j’étais de voir les panneaux défiler à chaque « 5 » km.  Une somme de petites victoires qui font normalement de moi un finisher ! Puis des crampes progressives ont envahi certains muscles des membres inférieurs, rendant la course de plus en plus difficile. Heureusement, je marche assez vite ! Jéjé, quant à lui, habitué des courses longues, enquillait sans souci apparent.

Arrivé au KM 55, quel bonheur de tomber sur un stand de masseurs/kinés non seulement adorables mais surtout efficaces.

Massé, requinqué, chargé en sucré/salé, me voilà reparti en courant ;  je suis d’ailleurs reparti beaucoup trop vite je pense.

Resté au stand plus longtemps, Jéjé est reparti quelques minutes derrière moi, mais comme je le savais plus à l’aise, je me doutais qu’il me rattraperait progressivement. Sans parler à sa place, je crois savoir qu’il commençait à souffrir un peu...

Savoir dire stop 

S’en sont suivis des kms plus durs et puis une évidence : la visite fortuite de mon beau-frère et son épouse au Km 75, de retour à Belvès, point de départ et d’arrivée car nous faisions un huit sur ce parcours, plus des douleurs communes, plus la nuit tombante, plus du non verbal évident et expressif, nous ont amenés, solidairement et conjointement à mettre le clignotant sans regret.

Ce renoncement n’a d’ailleurs rien à voir avec le DID... pour ma part, continuer aurait été envisageable, et Jéjé vraisemblablement aussi, mais j’aurais surement dû puiser lourdement dans mon mental et dans mes réserves, sans parler d’éventuelles blessures. J’ai écouté mon corps et ma motivation sans regret aucun.

Nous avions d’ailleurs  à peine abandonné que nous songions déjà au prochain mais non plus à 2 mais à 3, car mon épouse a adoré cette épreuve en tant qu’accompagnante et a désormais envie de s’y engager !

Cet abandon s’est fait au bout de 10 heures de course.

Côté diabète, c’était la première épreuve que je faisais sous boucle semi-fermée avec Control IQ ! Quel bonheur, quel lâcher prise : moins de resucrage ou des plus petits, moins d’incursions en hyper, 2 je crois, une courbe plutôt correcte et moins rock & roll qu’auparavant.

Les courbes glycémiques de Jérôme et Patrice pendant la course

Dénivelés 100km de Belvès

Les apports alimentaires de Jérôme et Patrice pendant la course

Jérôme :

- 3 litres de jus de raisin + 3g de sel absorbés toutes les 30 minutes

- 4 carrés de chocolat noir

- 5 rondelles de pain

- 9 pruneaux

- 1 rondelle banane

- 1 verre coca

- 2 pâtes de fruits Soit un total 638g en 9h30 (50g horaire).

Sont à ajouter les verres d’eau et de perrier absorbés sur les tables de ravitaillement de la course, disposés environ tous les 5 km  

Patrice :

- 3 pâtes de fruit (20g de glucides/barre) et de 2 barres de pâte d’amande (20g de glucides/barre), prises aux moments de décroissances glycémiques.

- 1 gourde de 500 ml de maltodextrine, vidée avant le km 50 (environ 40g de glucides)

A chaque ravito, du chocolat noir, des toasts de pain/pâté, de l’eau, des pastilles de sel comme suit : 

- 9h28 : 2 carrés de chocolat 

- 9h39 : 1 gélule de sel

- 10h18 : 3 carrés + 1 toast

- 11h : 3 carrés

- 11h39 : 3 carrés + 1 toast

- 12h15 : 4 carrés + 1 toast + 1 comprimé

- 12h20 : 1 gélule de sel

- 12h54 : 3 carrés + 1 toast

- 13h38 : 3 carrés + 1 toast

- 14h24 : 5 carrés + 1 vache qui rit

- 15h06 : 6 carrés + ½ banane 

- 15h50 : 4 carrés + ½ banane

- 16h21 : 3 carrés + ½ banane µ

- 17h04 : 3 carrés + 2 pastilles

- 17h43 : 3 carrés + ½ banane + 2 pastilles

- 18h13 (abandon) : 3 carrés + 1 verre de coca (inutile)

NB : que de chocolat avalé !!!!! Soit un total estimé de 410g de glucides ou 40g/h. Mode de calcul : 1 carré de chocolat=4g ; 1 banane=20g ; 1 toast=5g.