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Quels sont les facteurs de risque de pneumonie malgré une substitution en immunoglobulines chez les malades ayant un déficit immunitaire primitif humoral ?

Par le Pr. Louis Jean COUDERC

Risk Factors of Pneumonia in Primary Antibody Deficiency Patients Receiving Immunoglobulin Therapy : Data from the US Immunodeficiency Network (USIDNET).
SYED M.N. et al. J.Clin.Immunol. doi.org/10.1007/s10875-022-01317-2

Malgré la diminution des épisodes infectieux obtenue par la substitution en immunoglobulines (IgG), une partie des malades atteints de déficit immunitaire primitif humoral continuent à présenter des pneumonies. Ceci a conduit les équipes de 39 centres américains (réseau USIDNET) à rechercher les facteurs de risque de survenue de ces pneumonies bien que les malades aient une substitution en IgG. 

Parmi les 2230 malades atteints de déficit immunitaire primitif du réseau, 1232 recevaient une substitution en IgG, cette dernière n’empêchant pas que 218 patients (soit 17,7%) aient développé une pneumonie. Les germes identifiés étaient principalement Haemophilus influenzae et Streptococcus pneumoniae. Les malades avaient majoritairement un déficit immunitaire commun variable (70%) ou une maladie de Bruton (25%). Les IgG étaient administrées principalement par voie IV (56%). Le taux sérique médian d’IgG était correct (960 mg/dL).

Une analyse multivariée a mis en évidence 6 facteurs de risque de survenue des pneumonies :
- bronchectasies (OR : 3,94 ; IC =2,29-6,79)
- pneumopathie interstitielle (OR :3,28 ; IC=1,43-7,56)
- asthme (OR :2,55 ; IC=1,69-3,85) 
- allergies (OR :2,44 ; IC=1,44-4,13)
- splénomégalie (OR :2,02 ; IC=1,08-3,76)
- cytopénie (OR :1,44 ; IC=0,94-2,20)

A l’opposé, mais avec des valeurs à la limite du significatif, avoir un traitement immunosuppresseur ou un taux sérique élevé d’IgA seraient des caractéristiques associées à un risque moindre.

La survenue de ces pneumonies peut avoir plusieurs explications :

1°) la teneur exacte en anticorps anti-pneumocoque et anti-haemophilus n’est pas standardisée entre les différentes marques d’IgG ; 
2°) l’impossibilité de déposer les anticorps sur les muqueuses bronchiques ; 
3°) la place importante des virus respiratoires dans la survenue des pneumonies ;
4°) Un état d’hyperactivation chronique pouvant induire une incapacité du système immunitaire à générer une réponse adaptée, ce qui expliquerait le rôle « protecteur » d’un traitement immunosuppresseur.

En conclusion, malgré un traitement substitutif par IgG permettant l’obtention de taux sériques corrects d’IgG, les malades atteints de déficit immunitaire humoral primitif ayant soit des bronchectasies, une pneumopathie interstitielle, un asthme, une splénomégalie ou une cytopénie demeurent à risque de pneumonie et doivent être particulièrement surveillés.

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