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L’exploit sportif de Jérôme & Patrice

Après course

Jérôme 

Le bilan de la course

À notre abandon, nous étions plutôt bien. J’ai pu profiter d’un massage et toute la famille est repartie en marchant sans réelle difficulté à la voiture.

Ayant couru des courses ultras sous boucle ouverte, je peux témoigner du contraste avec cette boucle fermée hybride, aussi bien avant, pendant, qu’après.

Cette normoglycémie, malgré mes expériences préalables, mon suivi médical et ma charge d’entraînement, était inatteignable. C’est d’ailleurs ce que j’observe chez de nombreux sportifs diabétiques, pourtant expérimentés.

Après l’épreuve, les repas doivent être enrichis en glucides, protéines et lipides mais l’activité extrême est souvent anorexigène voire la cause de nausées. J’ai donc dû me forcer à dîner un repas copieux afin de recharger mes réserves. Les repas du lendemain auront été plus faciles à avaler.

C’est d’abord une réelle fierté d’avoir pu vivre ce moment et en famille. Le fait d’avoir pu emmener aussi loin mon corps atteint de diabète est également une réussite personnelle. L’abandon au 75e kilomètre était obligatoire, du bon sens, mais nous donne un sentiment d’inachevé. L’équipe au complet devrait donc repartir en Dordogne dès l’année prochaine pour corriger ce détail.

Les deux frangins se sont, dès le lendemain, mis en quête de pain frais pour le petit déjeuner des sportifs ; nous avons donc essayé de recourir à quelques foulées. J’ai pour habitude de rester en inactivité physique un jour par dix kilomètres courus mais j’ai repris le vélo au cinquième jour, la randonnée au sixième et la course à pied au huitième.

Quelques conseils

Ce type d’activité doit être une quête personnelle et un objectif bien pensé, à double titre ; primo, mon corps est-il capable de répondre à ce type d’effort ? Secundo, suis-je en maîtrise de tous les facteurs de ma glycémie ? Le sport doit rester un plaisir, même à ces niveaux et l’activité de course à pied peut ne pas répondre aux envies de tous. Je préfère quelqu’un qui fait son petit tour de vélo hebdomadaire avec plaisir qu’un autre courant sans plaisir et quand il a le temps. D’autre part, cette activité ultra nécessite plusieurs années d’entraînement et d’expérimentations personnelles afin d’optimiser sa pratique et vivre pleinement ces évènements.

Patrice

Mon regard sur la course 

Je suis totalement en phase avec Jérôme : je me suis trouvé plus en forme à l’abandon au 75e km que sur des fins de marathons. Nous étions en capacité de marcher, nous n’avions pas d’impacts cognitifs, perte de lucidité, irritabilité…

Les jambes certes un peu raides, nous ne nous sommes pas écroulés une fois arrivés au mobil-home, et avons pu prendre un repas normal et passer une soirée presque sans encombre.

Ce repas fut plus riche en protéines qu’en glucides me semble-t-il mais la digestion fut normale.

Le coucher ne tarda cependant pas !

Côté diabète insulino-dépendant (DID), vive la boucle semi-fermée pour cet après-course ; les phénomènes de néoglycogénèse ne sont pas simples à gérer en manuel ; ce rechargement physiologique est beaucoup géré sous Control IQ sans annuler totalement les hypos post course.

Côté sensation, je n’ai eu à aucun moment de regret d’avoir abandonné, contrairement à d’autres courses. Cet abandon évident, partagé, concerté, associé à l’envie immédiate et motivée de remonter à cheval en explique sûrement les raisons. Le fait d’avoir fait ce bout de chemin en famille est également pour beaucoup dans ce sentiment de bonheur partagé plus que de course inachevée.

Quand ai-je repris le sport ? Comme dit Jérôme, le lendemain matin, en allant trottiner pour chercher le pain du petit-déjeuner (attention, quelques dizaines de mètres, n’exagérons pas). Cela dit, c’est la première fois pour ma part qu’un lendemain de course se passe aussi bien ; le Control IQ, à l’origine de glycémies beaucoup plus stables, et de moins de fatigue, l’explique fondamentalement. J’ai réellement repris le sport 36 heures plus tard, par 1 heure de biking, puis la course à pied à J+3 ; un exploit pour moi qui suis souvent obligé d’attendre 1 semaine au moins pour remettre le couvert.

Si c’était à refaire, vous l’aurez compris, je re-signe immédiatement, avec les mêmes, car ce type d’épreuve en famille n’a pas de prix. Mais, et je l’ai dit précédemment, en préparant, non pas plus sérieusement, mais plus qualitativement cette course sur le plan sportif. En effet, côté DID, je dois dire que Jérôme et moi avons, je pense, éprouvé notre approche et le matériel, avec des adaptations d’ailleurs différentes. Cela prouve que la modélisation n’est pas simple car les DID sont si différents face à ce type de courses « extrêmes » (âge, âge du DID, volume d’entraînement, antériorité face à ce type d’épreuve…).

Est-ce que je recommande ce défi ? 

OUI et NON ! Vous m’auriez dit il y a 10 ans, quand je n’étais pas capable de courir 10 km ou de faire 30 km à vélo, que je courrais 80 km en trail et m’alignerais sur 100  bornes, je n’y aurais pas cru. Et pourtant, progressivement, sérieusement, sans à-coups, accompagné par les soignants et des pairs, nourri de retours d’expérience d’autres DID bien plus perchés (UTMB, Diagonale des fous, ironman…), on se dit que tout est possible. Mais attention, notre physiologie est parfois affectée par des problèmes liés à un DID âgé, et dans ce cas, l’accompagnement médical est INDISPENSABLE et le renoncement doit être envisagé. Par expérience d’ailleurs, je constate et je distingue ceux qui sont devenus DID jeunes puis se sont mis à l’activité physique de ceux qui étaient sportifs et sont devenus DID ; ce sont 2 segments et 2 écoles qui n’ont pas toujours les mêmes approches…

En résumé, NE PAS SE LANCER seul et sans accompagnement médical et y aller progressivement…

Les courbes glycémiques de Jérôme et Patrice un jour après la course 

Les courbes glycémiques de Jérôme et Patrice la semaine suivant la course